2023 Reportage carpe (pêche « rapide »)

Un matin, une pêche rapide, un nouveau record….

 Le jour est à peine levé pour cette matinée de septembre, de la brume s’échappe de la surface de l’étang sous l’effet des premiers rayons du soleil. Les orages qui ont éclatés cette nuit ont laissés des traces, des branches cassées sur le chemin ou dans l’eau, les arbres qui égouttent encore leurs feuilles et cette humidité ambiante caractéristique d’une pluie d’été…

Nous sommes à l’approche des premières vendanges dans le secteur, peut-être aussi les premières pousses de cèpes et cette dégradation météo a fait du bien pour nous mais aussi pour la nature. Je me dis que la pluviométrie a sûrement permis de rafraîchir un peu les plans d’eau qui ont peut-être souffert des fortes chaleurs estivales.

 J’arrive au bord de l’étang de Lamothe pour une pêche rapide de quelques heures. Depuis plusieurs jours déjà, j’ai dispersé des appâts de temps à autre, dans une partie un peu encombrée, du maïs doux, du baby corn, des pellets et quelques graines (blé, chènevis, tiger nuts). Mon objectif est de faire un ou plusieurs poissons en pêchant à roder. Pour cela, mon petit amorçage de préparation était concentré sur trois postes intéressants. Le premier, dans peu de profondeur, comme les deux autres d’ailleurs, se trouve dans l’extrémité d’une petite anse côté sud est. De nombreux iris au bord et quelques branchages  sont susceptible d’abriter une carpe. De nombreux arbres surplombant les berges apportent aussi un peu d’ombre sur ce secteur de l’étang et assez de sérénité pour le repos de ces dames. Le deuxième poste retenu pour mon amorçage se trouve entre deux grosses branches dans une trouée au milieu de la végétation à 15 m du précédent. Le troisième se trouve vers la sortie de l’anse proche d’un talus un peu abrupte consolidé par les racines de l’arbre surplombant. Une grosse branche tombée au cours de l’hiver y apporte un refuge potentiellement intéressant pour la vie aquatique. Le fond est plutôt dur avec un peu de gravier dans 80 cm d’eau alors que les deux autres retenus ont un fond un peu plus mou… Au bord, de nombreux iris permettent une approche discrète.

 Je n’avais pas prévu de jour précis pour cette pêche rapide mais je m’étais préparé ces petits postes pour être prêt dès que l’occasion se serait présentée. Avec le temps qu’il a fait cette nuit certains paramètres sont peut-être réunis. Alors ça se tente…

Aujourd’hui je ne pêche qu’avec une canne équipée d’un bouchon léger, coulissant, de 6g prolongée par un bas de ligne assez long, environ 60 cm reposant entièrement sur le fond afin d’éloigner le tout de mon olivette. Au bout, un hameçon, taille 6, complète l’ensemble. Sur un montage D-rig j’ai mis deux tigers nuts allégées avec un bout de liège les reliant comme une altère.

Pour ce faire, je creuse au foret une cavité dans chacune d’elle et j’y emboîte ma barre de liège pour les relier. J’ai prévu de tester les trois postes à raison d’environs 30 min sur chacun et d’alterner. Nul besoin ici de détecteur, je reste à côté, seul une pique pour reposer ma canne me suffira. Mon amorçage du jour est composé de quelques tiger, un peu de pellet et du maïs doux expédié à la main autour de mon montage…

A l’heure où les rayons du soleil tentent de se frayer un passage au travers du feuillage, je dépose discrètement mon piège près d’une branche… l’attente peut commencer dans le silence.

Il est 7h30, l’étang se réveille peu à peu. Une carpe saute à l’entrée de l’anse près du bord… une chasse de carnassier fait éclater la surface entraînant la fuite du banc de gardons dont l’un d’entre eux vient peut-être de servir de petit déjeuner… quelques oiseaux signalent leur présence de petits cris et des grenouilles expriment leur joie d’avoir eu de la pluie cette nuit. Un remous se dessine en face de moi près de la berge opposée dans un tas de branche…la demi-heure passée, je change de poste. Le transfert est vite fait, je n’ai pas beaucoup de matériel avec moi, une canne, l’épuisette et un tapis de réception. Le reste du nécessaire n’est pas loin dans ma voiture.

La mise en place doit être rapide et discrète, je pêche près du bord, dans peu d’eau, (sur le deuxième poste environ 60 cm) alors le pas de trop ou quelque chose qui tombe à l’eau peut donner l’alerte à nos amis à écailles. Le procédé reste le même, une poignée d’amorçage pour accompagner mon montage et l’attente recommence… je scrute la surface de l’eau à la recherche d’un signe attestant la présence d’un poisson… en vain pour le moment. De ma position je peux aussi surveiller mes deux autres postes de pêche, si un mouvement se produit sur l’un ou l’autre je peux y poser rapidement ma canne…

Au bout d’une demi-heure je me déplace à nouveau, cette fois vers l’entrée de l’anse, sur la dernière zone. Si rien ne se produit je reproduirai le même parcours… Je me déplace à nouveau au bout du temps imparti.

Je repose ma présentation de tiger nuts sur mon poste de départ, un peu plus vers le large pour tenter un autre passage.

 Pourquoi insister à cet appât me direz-vous ? Simplement pour sélectionner mes prises ; les brèmes, gros gardons ou carassins ne vont pas s’intéresser à cette graine. En pêchant avec du maïs doux en cette saison les fausses touches auraient certainement été plus nombreuses.

 Au bout de 30 min je me déplace de nouveau, sur mon deuxième poste. Alors que mon montage est en place je vois un mouvement d’eau, dans les branches, sur mon troisième emplacement. Aucun doute possible, c’est une carpe qui vient de marsouiner en surface. J’y vais en essayant de rester discret. L’eau est un peu foncée, je ne vois pas de silhouette en dessous mais un nouveau mouvement contre la branche attire mon attention. J’y pose mes tiger et une petite quantité d’amorce… quelques minutes passent quand d’un coup mon bouchon plonge sous l’eau et mon fil se tend instantanément en direction des branches. Je saisi la canne pour prendre contact. Un remous se produit suivi d’un coup de queue, le poisson part vers le large sur un démarrage puissant me prenant une dizaine de mètres. Les premières sensations sont bonnes, le combat s’annonce intéressant, je pense qu’elle est belle…mon adversaire tente de contourner une branche mais j’arrive à l’en dissuader, finalement son choix se porte sur un combat plus vers le milieu de l’anse mais j’arrive à contenir ses rush assez puissants. Elle remonte une première fois et crève la surface dans une belle gerbe d’eau. Je ne me risquerais pas à une quelconque estimation mais je pense tenir une carpe de forte taille. J’arrive à la ramener peu à peu vers moi mais elle continue de garder le fond en mettant des coups de tête assez violent parfois. Je ne souhaite pas non plus trop la brider du fait de mon petit hameçon sous peine de la voir se décrocher.

Un nouveau coup de queue puissant m’entraîne vers des branches sur la gauche qui cassent dans l’action, l’une d’elles se prend d’ailleurs dans mon corps de ligne…puis le poisson revient prendre la bordure mais s’aperçoit aussi rapidement qu’elle touche le fond, je la vois, son dos sort de l’eau, elle est vraiment grosse… elle semble bloquée. J’approche l’épuisette mais je n’arrive pas à me glisser en dessous d’elle alors je tente de la tirer en douceur vers le cadre…

Et finalement son ultime coup de queue pour repartir la conduit directement dans le filet. Je relève le tout rapidement afin de sécuriser ma prise. Je n’en reviens pas de voir un tel morceau, large, haute avec une tête imposante…en la sortant de l’eau je m’aperçois de son gabarit impressionnant.

J’ai même du mal à la lever pour la peser, si bien que je ne peux pas la tenir trop longtemps à bout de bras. Le peson oscille proche de 23kg avec le sac mais je n’arrive pas à le stabiliser. Par chance ce jour-là un ami fait un week-end carpe sur l’étang et il a un peson numérique qui va se stabiliser plus facilement. Je vais à sa rencontre avec ma prise… en effet la pesée après déduction du poids du sac se bloque à 21,800kg !!!

IMPRESSIONNANT !!!! 

Je n’aurai jamais pensé faire un tel poisson ce matin, juste une carpe m’aurait suffi ! Mais là… quelle prise ! Le nouveau record du plan d’eau est devant nous, prêt à rejoindre ses congénères après la séance photo !

Comme quoi finalement lorsque nous sommes là au bon endroit, au bon moment, avec une part de chance, le résultat peut être merveilleux.

Cette façon de pêcher à rechercher les poissons plutôt que de les attendre réserve son lot de frissons et de sensations fortes et je pense que nous devrions nous y intéresser de plus près. Certes ça ne marche pas à tous les coups mais quand c’est le bon jour c’est génial…

L’espoir fait vivre… alors continuons de rêver à nos futures rencontres…

Merci à Guillaume pour la pesée…

Xavier